Un taux d’hémoglobine supérieur à la normale ne concerne pas seulement les sportifs d’altitude ou les habitants de régions montagneuses. Certains troubles médicaux, facteurs environnementaux ou habitudes de vie peuvent aussi entraîner une augmentation durable, parfois silencieuse, de cette protéine sanguine.
Des pathologies sous-jacentes, des facteurs génétiques ou l’automédication figurent parmi les causes souvent méconnues. Comprendre ces origines aide à identifier les situations à risque et à repérer les signaux d’alerte nécessitant un avis médical.
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Plan de l'article
À quoi sert l’hémoglobine et pourquoi son taux est-il important ?
L’hémoglobine agit comme le pivot du transport d’oxygène dans tout le corps. Elle habite chaque globule rouge et, grâce à sa richesse en fer, prend en charge l’oxygène dès qu’il quitte les poumons pour l’acheminer jusqu’aux tissus. Impossible de maintenir une vie cellulaire normale sans son action efficace. Lorsque l’hémoglobine reste dans les valeurs normales, le sang assure l’apport optimal en oxygène, ni trop, ni trop peu. Ces valeurs diffèrent selon l’âge et le sexe :
- entre 12 et 16 g/dL chez la femme adulte
- entre 14 et 18 g/dL chez l’homme adulte
On mesure l’hémoglobine lors d’une numération formule sanguine (ou hémogramme), ce qui renseigne sur la quantité de globules rouges et la capacité du sang à oxygéner l’organisme. À cette analyse s’ajoute le taux d’hématocrite, qui indique le volume des globules rouges dans le sang. Les deux sont complémentaires : il s’agit d’une photographie précise de la composition sanguine.
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Un taux bas traduit une anémie, souvent révélée par une fatigue tenace ou un souffle court. À l’opposé, une hémoglobine élevée ne doit jamais être sous-estimée car elle interroge sur la production des globules rouges (ou érythropoïèse). Un excès expose à une hyperviscosité sanguine : le sang s’épaissit, la circulation ralentit et le risque de complications s’accroît. D’où la nécessité d’un suivi attentif face à toute élévation durable.
Quels sont les facteurs qui peuvent faire grimper l’hémoglobine ?
L’hémoglobine élevée n’apparaît jamais par accident. Derrière ce constat, un terme précis : polyglobulie. Cette hausse du nombre de globules rouges dans le sang peut découler de deux scénarios principaux :
- la polyglobulie essentielle, ou maladie de Vaquez
- la polyglobulie secondaire
La forme essentielle trouve sa cause dans une mutation du gène JAK2, qui pousse la moelle osseuse à produire des globules rouges en excès, sans raison apparente. La polyglobulie secondaire naît d’une adaptation de l’organisme à une baisse d’oxygène (hypoxie) : pour compenser, il fabrique davantage de globules rouges sous l’effet de l’érythropoïétine, une hormone stimulante. Plusieurs situations déclenchent cette réaction :
- maladies pulmonaires chroniques (comme la MPOC)
- maladies cardiaques
- séjour ou vie en altitude
- certains cancers (reins, foie)
D’autres facteurs plus quotidiens interviennent également. En voici quelques-uns qui ne passent pas inaperçus :
- le tabac, qui amoindrit l’oxygénation du sang
- la déshydratation, qui concentre artificiellement les globules rouges
- la prise de stéroïdes anabolisants ou de traitements hormonaux
Les recherches s’intéressent aussi à l’eau de mer et à son possible impact sur l’érythropoïèse. Quel que soit le facteur en cause, l’apparition d’une érythrocytose doit être explorée avec méthode : dosage de l’hémoglobine, interrogatoire ciblé, recherche des antécédents et des expositions à risque. Cette rigueur permet d’éclairer l’origine de l’anomalie et d’adapter la surveillance.
Risques pour la santé : ce que révèle un taux d’hémoglobine élevé
Une hémoglobine élevée ne se réduit pas à un simple chiffre sur la feuille d’analyses. Lorsque le sang s’épaissit, la circulation ralentit, les caillots se forment plus facilement. La thrombose se profile : AVC, infarctus du myocarde, embolie pulmonaire, aucun vaisseau n’est épargné.
Les signes d’appel ne sont pas toujours spectaculaires mais doivent alerter. Parmi eux :
- maux de tête qui s’installent
- vertiges récurrents
- fatigue diffuse
- troubles visuels
- érythrose faciale (rougeur du visage)
- prurit aquagénique (démangeaisons après la douche)
Le tableau clinique peut sembler déroutant. Pourtant, la répétition de ces symptômes doit pousser à consulter. L’hémogramme et la mesure du taux d’hématocrite fournissent des données clés. Lorsqu’une élévation persistante est confirmée, le lien avec les complications devient concret. Il faut alors distinguer entre polyglobulie essentielle et érythrocytose secondaire, car l’attitude médicale en dépend.
Voici les principaux dangers à surveiller :
- Thrombose : risques de caillots, AVC, infarctus, embolie
- Hyperviscosité sanguine : ralentissement de la circulation, troubles vasculaires
- Symptômes évocateurs : maux de tête, vertiges, rougeur du visage, démangeaisons après contact avec l’eau
Une surveillance régulière, tant biologique que clinique, s’impose dès la découverte d’un taux d’hémoglobine suspect, afin de prévenir l’escalade des complications.
Quand consulter et quelles démarches entreprendre en cas de doute
La découverte d’un taux d’hémoglobine élevé lors d’un bilan ne relève jamais du hasard. Face à ce constat, la question de la conduite à tenir s’impose. Si des symptômes apparaissent, maux de tête nouveaux, rougeur du visage, démangeaisons après la douche, essoufflement, il convient de prendre rendez-vous rapidement avec un professionnel de santé. Même discrets, ces signaux méritent une attention particulière.
La démarche commence par un diagnostic approfondi. Le médecin pourra demander plusieurs examens :
- dosage de l’hématocrite
- recherche d’une mutation du gène JAK2
- évaluation du taux d’érythropoïétine
L’objectif : différencier une polyglobulie essentielle (maladie de Vaquez) d’une forme secondaire liée à une maladie sous-jacente (poumon, cœur, rein, foie). Le traitement dépendra de cette distinction.
Certains gestes simples peuvent déjà limiter les risques :
- S’hydrater régulièrement pour éviter que le sang ne s’épaississe
- Arrêter de fumer pour diminuer les complications cardiovasculaires
- Manger équilibré et réduire le stress quotidien
En cas de confirmation de polyglobulie, la prise en charge peut inclure des phlébotomies (saignées), des médicaments cytoréducteurs ou l’usage d’aspirine pour limiter les accidents thrombotiques. Agir sur la cause, quand elle est identifiable, reste la meilleure stratégie : sevrage tabagique, traitement des pathologies respiratoires ou cardiaques.
Le suivi médical reste la pierre angulaire : hémogramme régulier, consultations rapprochées, adaptation du traitement au fil du temps. Parce qu’un équilibre aussi subtil que celui du sang ne tolère aucun relâchement. Quand la vigilance s’installe, la santé reprend la première place.